4. Les tribulations

Jules, père de Charles, était vigneron-tâcheron d’un notable d’Epesses, ce qui ne laissait que peu de chance d’assurer l’avenir de Charles, ainsi que celui de ses quatre frères et de ses deux sœurs. Voyant passer tous les jours au village les ouvriers d’un menuisier de la région, assis sur le pont d’une camionnette, et attiré par un tel privilège - c’était en 1932 - sa décision fut prise : il serait menuisier. Tout en pratiquant cet aimable métier, il avait toutefois veillé à acquérir quelques vignes à son nom, au gré des ventes se présentant, qui s’ajoutèrent à un petit héritage de son père.

La camionette
en 1932

Malheureusement, les temps étaient durs, et on ne trouvait plus assez de travail comme menuisier. Il avait donc repris du service comme vigneron-tâcheron auprès d’un autre propriétaire d’Epesses, chez qui il logeait avec sa famille. Josette était âgée de 3 ou 4 ans.

C’est alors qu’Edith dut se faire opérer d’une hernie discale, l’une des premières interventions de ce type en Suisse, faite en clinique, sans assurance, par un médecin de retour des États-Unis. Heureusement, la générosité de ce chirurgien valait sa compétence.

Epesses
en 1935

A l’époque, le statut de vigneron-tâcheron était pour le moins précaire. En effet, Charles se retrouva mis à la porte séance tenante, juste après les vendanges, sans emploi et sans logement, à la suite d’une "prise de bec" avec son patron.

Il existait heureusement à Epesses un logement nommé "la dépanneuse", destiné à pallier ce genre de problème, hélas pas du tout exceptionnel. Le confort y était assez limité, on devait traverser la route pour se rendre aux toilettes chez les voisins, mais enfin …