7. Ça ne va pas tout seul

La première année fut une catastrophe : la récolte fut grêlée, et on ne récolta que neuf cents litres de moût, environ le dixième de la récolte prévisible. Aucune assurance-grêle n’avait évidemment été conclue, en raison de son coût élevé, et il s’agissait donc de réussir à survivre jusqu’aux prochaines vendanges, grâce à des économies draconiennes. Le beau-père, cette fois-ci, offrit les pommes-de-terre, la saucisse et le saucisson.

Vive la
machine
à coudre !

On planta des légumes entre les rangs de vigne, en plus de ceux du jardin, tous les habits furent confectionnés par Edith, (sauf les salopettes) les chemises de Charles étaient faites de toile ancienne héritée d’une aïeule.

Celui-ci se chargeait des remplacements de vitres et autres "bricoles", et "faisait des heures" à la menuiserie Noverraz. Et, bien sûr, on avait dû négocier des facilités avec tous les fournisseurs, la banque et l’ancienne propriétaire. Aucune grosse réparation à la maison n’était possible, mais "on était chez soi".

Pendant que ses parents travaillent à la vigne, sous la Tour-de-Marsens ou ailleurs, la petite Josette restait à l’ombre sous un tablier attaché entre quatre échalas. Plus grande, vers six ans, elle se levait toute seule, et montait à la vigne pour les "neuf-heures", connaissant tous les chemins et tous les escaliers. Et, jusqu’aux Rueyres ou aux Roches, le trajet n’était pas facile.

L'épicière -
boulangère



Elle pouvait ensuite, comme intermède, jouer à la "papette", préparant croissants, tourtes ou petits-pains qui cuisaient sur les murs pendant qu’elle rebiolait avec ses parents, et se chargeait d’attacher les "petits-bois", tâche en proportion de ses petites mains.

Elle jouait à l’épicière-boulangère, et préparait de la soupe aux herbes dans des boîtes de conserve trouvées, plats que ses parents goûtaient avec délectation. Dès la période scolaire, Edith montait plus tard à la vigne, ou rentrait pour le départ en classe.