6. L'arrivée à Riex

Le déménagement se fit d’une part grâce au side-car de l’ami Arthur, ainsi qu’à vélo, avec la hotte sur le dos. Heu-reusement, les possessions de la famille étaient suffisamment modestes pour éviter l’utilisation d’un plus gros véhicule. Charles, très bricoleur grâce à sa formation de menuisier, rendit rapidement la maison habitable.

Entre
Riex et
Epesses



Tenant compte des quelques vignes antérieures à l’achat, le domaine représentait alors maintenant dix-sept fossoriers, (0.77 hectare) mais réparti en dix-neuf endroits séparés. Un vrai patchwork !

Au fil des années, des "remaniements parcellaires", non officiels, furent réalisés progressivement, par de nombreux échanges entre propriétaires. Charles racontait qu’il aurait pu tapisser une paroi entière avec les actes établis par le notaire Pierre Ballif.

L’accueil à Riex fut quelque peu mitigé. En effet, Charles venait d’Epesses, et on était loin, à cette époque, de parler de fusion en Lavaux. Ç’aurait plutôt été la Guerre des boutons, avec ses dictons savoureux : "A Riex le bon, à Epesses le nom" ou "Ces Messieurs d’Épesses, les gens de Cully, ceusses de Riex". En outre, d’autres gens du village, s’intéressant à la maison et à sa remise, étaient quelque peu fâchés qu’un "étranger" eût emporté la mise.

Dans
la
cour



Place difficile aussi à prendre avec les voisins, Charles étant une très (trop) aimable nature, toujours prêt à donner un coup de main pour une bricole, et Edith ne voulant (ne sachant) pas s’imposer.

La petite Josette ne devait pas poser son pied hors des limites d’un mètre autour de la maison, sous risque de se voir priée, en termes peu amènes, de "retourner à Epesses", d’où elle venait.

Le jardin potager se trouvait au centre du village, bien plus éloigné que celui qu’Edith avait toujours cultivé dans sa ferme natale. En raison de la promiscuité et du peu d’espace typiques des villages vignerons, Edith ne s’est jamais vraiment sentie "de Riex".